ANNA DE NOAILLES - " L'OFFRANDE A LA NATURE" - 1901
Sa mère, plus jeune de 21 ans que son mari, est une pianiste phanariote d'origine romaniote née à Constantinople : Raluca Moussouros, roumanisation et hellénisation de Rachel Moshor, à qui Paderewski a dédié nombre de ses compositions.
Sa tante, la princesse Hélène Bibesco, a joué un rôle actif dans la vie artistique parisienne à la fin du XIXe siècle jusqu'à sa mort en 1902. Anna Bibesco est la cousine germaine des princes Emmanuel et Antoine Bibesco, amis intimes de Proust.
Avec son frère aîné Constantin et sa sœur cadette Hélène, Anna mène une vie privilégiée : elle a ses propres précepteurs et reçoit son instruction au foyer familial, parle l'anglais et l'allemand en plus du français, du roumain et du grec, et reçoit une éducation tournée vers les arts, particulièrement la musique et la poésie. La famille passe l'hiver à Paris et le reste de l'année dans sa propriété, la Villa Bessaraba à Amphion, près d'Évian sur la rive française du lac Léman.
La poésie d'Anna de Noailles portera plus tard témoignage de sa préférence pour la beauté tranquille et l'exubérance de la nature, alors encore sauvage, des bords du lac, contrastant avec l'environnement urbain dans lequel elle passera la suite de sa vie.
Le 17 août 1897 Anne-Élisabeth, devient Anna de Noailles en épousant à l'âge de 19 ans le comte Mathieu de Noailles (1873-1942), quatrième fils du septième duc de Noailles. Le couple, qui fait partie de la haute société parisienne de l'époque, aura un fils, le comte Anne Jules (1900-1979), qui, d'Hélène de Wendel (fille de Guy de Wendel et de Catherine Argyropoulos) aura un fils unique, Gilles (1934-1979), mort sans enfants peu avant son père.
Au début du XXe siècle, son salon de l'avenue Hoche attire l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque parmi lesquels Edmond Rostand, Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide, Maurice Barrès, René Benjamin, Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean Cocteau, Léon Daudet, Pierre Loti, Paul Hervieu, l'abbé Mugnier ou encore Max Jacob, Robert Vallery-Radot et François Mauriac. C'est également une amie de Georges Clemenceau.
En 1904, avec d'autres femmes, parmi lesquelles Jane Dieulafoy, Julia Daudet, Daniel Lesueur, Séverine et Judith Gautier, fille de Théophile Gautier, elle crée le prix Vie Heureuse
, issu de la revue La Vie heureuse, qui deviendra en 1922 le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie. Elle en est la présidente la première année, et laisse sa place l'année suivante à Jane Dieulafoy.
Le 12 avril 1921, elle enregistre J'écris pour que le jour et Jeunesse aux Archives de la Parole, documents sonores conservés à la Bibliothèque nationale de France et écoutables sur Gallica. Dans les années 1925, elle fréquente le salon littéraire du docteur Henri Le Savoureux et de son épouse avec d'autres personnalités comme l'abbé Arthur Mugnier, prêtre catholique mondain confesseur du Tout-Paris, ainsi que la princesse et femme de lettres Marthe Bibesco, cousine d'Anna, Berenice Abbott, Henri de Régnier, Julien Benda, Édouard Herriot, Antoine de Saint-Exupéry, Jean Fautrier,Vladimir Jankélévitch, Paul Morand, Jean Paulhan, René Pleven, Francis Ponge, Jacques Audibert, Claude Sernet, Marc Bernard, Gaëtan Gatian de Clérambault, Paul Valéry, Jules Supervielle et Marc Chagall.
Elle meurt à 56 ans en 1933 dans son appartement du 40, rue Scheffer (avant 1910, elle habitait au 109, avenue Henri-Martin) et est inhumée à Paris au cimetière du Père-Lachaise, mais son cœur repose dans l'urne placée au centre du temple du parc de son ancien domaine d'Amphion-les-Bains.
Elle est la première femme élevée au grade de commandeur de la Légion d'honneur et la première femme reçue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (au fauteuil 33, où lui ont succédé Colette puis Jean Cocteau).
Elle était aussi membre honorifique de l'Académie roumaine et a été décorée de l'ordre du Sauveur de Grèce et de Pologne. En 1902, elle reçoit le prix Archon-Despérouses. En 1920, son premier recueil de poèmes (Le Cœur innombrable) est couronné par l'Académie française.
En 1921, elle en reçoit le grand prix de littérature. Plus tard, l'Académie française créera un prix en son honneur!
Anna de Noailles a écrit trois romans, une autobiographie et un grand nombre de poèmes.Son lyrisme passionné s'exalte dans une œuvre qui développe, d'une manière très personnelle, les grands thèmes de l'amour, de la nature et de la mort. (SUITE SUR WIKIPEDIA)